L’événement a débuté par des mots de bienvenue de la directrice de l’Institut, Marie-Laure Salles, qui a souligné l’importance du livre et de son sujet dans le contexte politique actuel :
« L’histoire ne se répète pas, mais elle bégaie. Les Irresponsables parle du début des années 1930 mais souhaite aussi parler d’aujourd’hui. La lecture de ce livre nous donne le regard de l’historien sur ce qu’on peut tirer de l’histoire pour comprendre le présent et anticiper le futur ».
La République de Weimar et les dangers du « libéral autoritaire »
Au cœur de son intervention, Johann Chapoutot a analysé les causes profondes de la chute de la République de Weimar dans les années 1930. Il a souligné l’importance des transformations institutionnelles avec l’évolution vers un système présidentiel qui de facto vide progressivement la démocratie de sa substance. Il souligne aussi l’importance des intérêts personnels d’un « extrême centre » qui se caractérise par son libéralisme autoritaire et qui finit par voir l’alliance avec le parti nazi et Hitler comme le seul moyen de garder le pouvoir et de marginaliser voire de détruire les partis de gauche.
A travers cette histoire de l’Allemagne du début des années 1930, il a mis en évidence les parallèles troublants avec les tendances politiques contemporaines en particulier en Europe et aux Etats-Unis tout en soulignant le caractère contingent et non nécessaire des évolutions politiques et la possibilité donc de réagir face aux tendances actuelles. À ce sujet, il a rappelé que :
« Si la monstruosité qui se déploie dispose d'un arsenal technologique incomparable avec ce dont disposait Goebbels, en face, nous aussi, nous disposons de moyens d'information, de réticulation, de solidarité qui sont incomparables avec des militants ou des citoyens du début des années 30. »
Une discussion enrichissante et engagée
L’échange a été modéré par le professeur Davide Rodogno, professeur d’histoire et politiques internationales à l’Institut, qui a amené la discussion sur les leçons que l’histoire peut nous offrir face aux défis politiques actuels.
Les interactions avec le public ont permis d’approfondir les questions liées au rôle des médias dans la montée des idées extrémistes et à la manière dont les citoyens peuvent agir et se mobiliser pour défendre la démocratie.